SAÑCI

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Dans l’Inde centrale, au nord-est de Bhopal, s’étend une région particulièrement riche en vestiges antiques. Au voisinage de Bhils (qui, sous le nom de Vidi ご , fut jusqu’au IVe siècle de notre ère la capitale du royaume d’Avanti), on remarque cinq éminences couronnées de st pa , monuments caractéristiques du bouddhisme, formés d’un dôme massif en maçonnerie. La butte de S ñc 稜 (prononcer Sântchî) possède les st pa les mieux conservés de l’Inde; les «portes» monumentales qui accompagnent le plus grand d’entre eux sont décorées d’une parure sculptée justement célèbre.

Un haut lieu de l’art indien

L’Avanti passe pour avoir été un important foyer bouddhique. Au IIIe siècle avant J.-C., Mahinda, fils (ou frère?) de l’empereur A ごoka, se serait retiré à S ñc 稜 avant de partir prêcher la Bonne Loi à Ceylan (si, comme le font croire divers recoupements, le Cetyagiri ou «mont aux sanctuaires» dont parle le Mah vam ルa , chronique singhalaise, peut être identifié au site qui nous occupe). L’activité de S ñc 稜 est attestée, en tout cas, depuis la période Maurya à laquelle remonte la fondation du célèbre st pa 1 ou Grand St pa; elle se poursuivit durant quinze siècles sans interruption notable, comme en témoignent plusieurs sanctuaires élevés à la période classique (dont le petit temple no 17, du Ve siècle de l’ère chrétienne) et des monastères pour la plupart construits ou réaménagés au plus tôt au XIe siècle. Mais, de la cinquantaine de monuments qu’on a pu étudier à S ñc 稜, ceux qui se rattachent au style archaïque forment un ensemble unique et retiendront, pour cela, toute notre attention. Les déprédations dont souffrit la contrée à la fin du XIIe siècle, lors de l’invasion des musulmans et, par la suite, au cours des luttes que ceux-ci se livrèrent entre eux pour la suprématie furent épargnées à S ñc 稜. À l’approche des envahisseurs, les moines s’étaient enfuis. En peu de temps, la végétation recouvrit le site déserté. Oubliés, les monuments demeurèrent presque intacts sous leur chape de feuillage jusqu’au début du XIXe siècle. Alors seulement, à la suite de la «découverte» par un général anglais de ce site privilégié, les paysans prirent l’habitude de gravir la butte et de s’y approvisionner en matériaux de construction arrachés aux bâtiments conventuels. Puis des archéologues imprévoyants, aggravant les dégâts commis par les chercheurs de trésors, commencèrent de compromettre gravement, à la suite d’efforts intempestifs, la solidité des st pa . Enfin furent entrepris en 1912 des travaux rationnels de fouilles et de restauration, sous la direction de sir John Marshall, travaux grâce auxquels ce haut lieu allait recouvrer sa dignité.

La construction des st size=5pa

On sait qu’A ごoka fit ouvrir les premiers st pa , qu’il en retira les reliques du Buddha et redistribua ces précieux dépôts en de nouveaux et forts nombreux st pa , érigés par lui sur les lieux où avait séjourné le Bienheureux et où la légende situait le déroulement de ses existences antérieures. S ñc 稜 n’appartient pas à la série des sites sanctifiés par le passage du Maître. Mais l’intérêt que lui manifestèrent l’empereur et son épouse, originaire de la contrée et mère de Mahinda, donne à penser que ce monastère jouissait d’un prestige dû peut-être à la présence de religieux éminents. En effet, A ごoka y dressa, vers la fin de son règne, un pilier sur lequel une inscription condamne les schismatiques; on lui attribue aussi la construction du noyau primitif, en briques, du Grand St pa et d’un temple en bois sur plan absidal (no 40), agrandi par la suite, dont les substructions se voient dans la partie méridionale de la zone archéologique.

Sous la dynastie えu face="EU Updot" 臘ga (env. 187-75 av. J.-C.), un revêtement de pierre donna au Grand St pa ses dimensions actuelles (une quinzaine de mètres de hauteur et près de 35 m de diamètre). La forme originelle du dôme – une demi-sphère au sommet légèrement aplati – fut respectée, mais on encercla sa base d’une terrasse qui semble faire corps avec lui. Un édicule d’où jaillissait la hampe d’un parasol de pierre couronna le tout. Pour délimiter au niveau du sol de chemin de circumambulation, on dressa tout autour du massif une haute barrière (vedik ) de pierres lisses assemblées à tenons et mortaises, que perçaient quatre entrées en chicane. De la période えu face="EU Updot" 臘ga datent aussi le corps et la balustrade sculptée du petit st pa 2, situé en contrebas sur le flanc ouest de la colline (dans lequel avaient été enfermées les reliques de plusieurs saints), ainsi que le corps du st pa 3, proche du Grand St pa et destiné à abriter une partie des ossements de deux compagnons du Buddha.

Aux environs de l’ère chrétienne, quand les rois えatav hana contrôlaient encore la région (ils devaient, vers la fin du Ier siècle, se fixer dans le bassin inférieur de la Ki ルレユ , à l’est du Dekkan), on compléta le Grand St pa en bordant sa terrasse d’une petite balustrade et en soulignant les ouvertures orientées de la grande balustrade par des portes monumentales (toran ペ ) dont la beauté confère à l’ensemble un charme d’une rare qualité. Ces portes furent vraisemblablement exécutées dans l’ordre suivant: sud, nord, est et ouest. Le toran ペ unique du st pa 3 est une réplique de la porte occidentale du Grand St pa.

Les bas-reliefs narratifs et le «style de S size=5ñc size=5稜»

Les bas-reliefs de la balustrade du st pa 2 font partie (avec ceux de Bh rhut et de Bodhgay ) des premiers spécimens de la sculpture sur pierre. Ils illustrent en même temps le premier style de S ñc 稜 et trahissent encore une grande maladresse dans les personnages, mais ils sont vigoureux, riches d’inventions et de promesses, et allient dans les représentations florales ou animales un sens de l’observation et un sens du décor également remarquables.

Un peu plus d’un siècle sépare la majorité de ces œuvres (en particulier les médaillons) des portes du Grand St pa. Cette seconde phase révèle d’énormes progrès techniques, un souci évident de la composition et une recherche de l’effet spatial. Mais la verve des imagiers – tout comme leur volonté d’introduire de la clarté dans le récit – a pu d’autant mieux s’exprimer que le matériau utilisé, un calcaire tendre, se prêtait à un travail fouillé (ne l’a-t-on pas souvent comparé à celui de l’ivoire?). Les groupes nombreux, les attitudes variées des personnages, l’abondance de détails significatifs et pittoresques, la précision des notations de paysages et des figurations de monuments constituent un tableau extrêmement attrayant (et combien instructif!) de la vie de l’Inde ancienne. L’ensemble narratif, qui évoque la bande dessinée d’aujourd’hui, raconte les incarnations antérieures, sous forme humaine ou animale, du Buddha, son ultime existence terrestre et les épisodes qui marquèrent les premiers siècles de l’histoire du bouddhisme (guerre de reliques, geste d’A ごoka). Néanmoins – et c’est là un trait propre à l’iconographie archaïque qui disparaîtra bientôt –, le Buddha en personne n’est jamais représenté; dans les groupes où il devrait figurer, sa présence est suggérée par un vide ou par quelque symbole connu de tous les fidèles.

Les toran ペ reproduisent, comme les balustrades, des prototypes de bois. Ils comportent essentiellement deux jambages, de section carrée, chacun étant surmonté d’un groupe d’animaux (ou de personnages grotesques) en ronde bosse dans la lignée des «chapiteaux d’A ごoka», et trois architraves superposées que séparent des dés finement décorés, des potelets et des figures en ronde bosse. Les reliefs narratifs ou ornementaux animent toutes les surfaces visibles; sur les jambages, les scènes s’inscrivent en des panneaux quadrangulaires; sur les architraves, elles se déroulent en longs bandeaux ininterrompus selon le principe indien de la narration simultanée. Ces compositions sont denses et l’impression de fourmillement qu’elles donnent de prime abord provient d’effets de perspective obtenus, assez gauchement, par superposition ou chevauchement des plans. Leur lecture s’effectue de droite à gauche.

La porte orientale du Grand St pa offre l’image fort réussie d’une nymphe soutenant (symboliquement) l’architrave inférieure: dans un mouvement de grâce sensuelle, son corps opulent se projette dans le vide alors qu’elle se retient à la branche basse d’un arbre. La «fée à l’arbre», connue déjà durant la première phase du style archaïque (Bh rhut), s’apparente aux innombrables figures féminines dont les sculpteurs ne cesseront, au cours des siècles suivants, d’orner les monuments. Seule la porte nord a conservé ses emblèmes bouddhiques, qui se profilent en ronde bosse au-dessus de l’architrave supérieure: la roue (en partie brisée), symbole de la Bonne Loi, et les tridents (triratna ), qui font penser aux «Trois Joyaux» du bouddhisme (le Buddha, sa Loi et la Communauté) ou bien sont peut-être des motifs de bon augure (M. Bénisti).

Encyclopédie Universelle. 2012.

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